Les (impossibles ?) réconciliations Ou comment gérer les fâcheries avec nos proches...
par Carole Braéckman
Comment gérer la difficulté, voire la douleur, de relations passées ? Celles où la réconciliation semble impossible ?
Pas de recette miracle. Si l’autre ne veut pas, c’est son choix. Et il/elle a le droit...
Par contre, il est possible d’atténuer le choc, l’amertume...
Il est des relations que nous laissons sur le bord de notre chemin. Ou... qui nous y abandonnent... las !
Et nous en avons parfois le coeur meurtri.
Des ami(e)s très chéri(e)s, des amoureux/ses du passé, des frères et sœurs, des parents ou des enfants… avec lesquel(le)s nous nous trouvons fâché(e)s...
Rares sont sans doute les vies indemnes de fâcheries, de brouilles, de séparations, de divorces en tout genre.
Il est parfois dur de vivre avec ces ruptures sur le coeur. Gaëlle Nohant dans son récit de vie de Robert Desnos, Légende d’un dormeur éveillé, parle à propos des chamailleries entre surréalistes, et en particulier, André Breton et Desnos, "d’amitiés amputées qui continuent à démanger longtemps après"...
Certaines vies en sont totalement bouleversées.
Je suggère d’admettre d’abord la liberté de chacun(e). Nul(le) n’est définitivement dans votre vie. Une amitié, un lien familial, considérez tout lien comme un cadeau et non un dû.
Même la famille n’est pas une garantie de vie sans éloignement, voire clash.
C’est une base fondamentale qu’on n’enseigne pas assez.
Le corollaire de cette liberté est de reconnaître, d’apprécier, de savourer la présence de quiconque dans votre vie. Prenez chaque présence comme une faveur : Une amie partage de bons moments avec vous, remerciez ! Un oncle est affectueux et bienveillant, rendez grâce ! Une collègue est attentive, soyez reconnaissant(e) ! etc.
Se mettre cela dans la tête, c’est ouvrir chaque relation à un sentiment de gratitude qui va immanquablement lui donner une autre coloration.
Car si au lieu de tenir pour acquis l’affection de telle ou tel dans votre vie, vous êtes toujours avec cette vigilance de devoir entretenir, avec reconnaissance, ce lien, vous aurez une présence autrement plus authentique. Je pense que vous le réalisez aisément.
J’y reviendrai, car ce sera ma conclusion, évidemment !
Clarifier… si possible... la cause de la rupture
Si vous êtes à l’origine de ladite rupture, prenez soin d’expliquer le plus posément possible pourquoi vous voulez mettre un terme – peut-être provisoire – à la relation.
Dans le sens inverse, plutôt qu’une porte brutalement claquée sur votre nez, vous aimeriez bien savoir le pourquoi, non ? Offrez donc à l’autre ce que vous aimeriez pour vous-même.
Tâchez de ne pas mettre de verve dans vos mots, utilisez le discours meta. Plutôt que "tu n’es qu’un(e) enquiquineur/se, j’en ai marre de toi", dites plutôt : "je ne me retrouve pas dans notre relation. Je préfère y mettre un terme, peut-être passager."
Faites-vous aider à démêler vos émotions si besoin.
Vous seul(e) avez le pouvoir de vous dire. Et c’est un cadeau que vous offrez à votre interlocuteur/trice. Même si vous n’êtes plus dans de très bons termes, peut-être qu’en souvenir du passé, vous pourriez offrir ce cadeau ?
Fermer le cercle
Il est important lorsqu’une relation se brise – même temporairement - de fermer le cercle du lien. Je m’explique : Énergétiquement lorsqu’on est en lien avec une personne, c’est comme s’il y avait un cercle entre nous. Tant que la relation est chaleureuse et affectueuse, ce cercle est nourricier.
Comme un cordon ombilical – sauf qu’il y a, de chaque côté, à la fois une mère et un bébé : nous nous nourrissons mutuellement.
Dès lors que la relation s’estompe ou se casse, nous sommes en perte d’énergie… sauf si nous fermons le cercle. Le plus tranquillement et le plus proprement possible.
Si vous n’êtes pas à l’origine de la rupture, demandez à être éclairé(e). "Que se passe-t-il ?"
Si votre protagoniste n’a pas le souhait - ou la capacité, englouti(e) qu’il/elle est par ses propres émotions - de vous répondre, c’est à vous de fermer le cercle. C’est réalisable, et tout à fait à votre portée.
Vous pouvez écrire une lettre à la personne en exprimant chagrin, incompréhension, voire colère. Et si vous le pouvez, faites également un retour sur ce que cette relation vous a apporté.
Et vous brûlez la lettre.
Vous pouvez aussi couper un joli nœud en coton, en ficelle, symbole de votre relation, ou un papier sur lequel vous avez écrit vos deux prénoms ; ou encore une photo où vous figurez ensemble.
A vous de ritualiser votre coupure.
Entourez-vous de bougies, encens, prières, chants… ou rien de tout cela, mais juste une présence à votre petite cérémonie du feu ou de rupture du lien.
Cela peut aussi se pratiquer de manière assez désinvolte en confiant au vent léger cette relation obsolète – ou en tout cas, périmée en l’état.
Il est tout à fait possible que vous deviez reproduire votre fermeture de cercle, parce que vous vous serez laissé distraire par une rechute. Même pas grave.
Il est très dur de ne pas comprendre
Et c’est peut-être cela qui blesse le plus. Cela nous renvoie à d’autres rejets, d’autres trahisons, d’autres injustices… ou épisodes vécus comme injustes…
Ne prenez pas la mouche. L’autre use simplement de sa liberté. Il est certain que si, un jour, vous avez le fin mot de l’histoire, vous vous sentirez totalement dégagé(e).
Mais acceptez que le retour ne soit pas une certitude.
Apprenez à vivre sans comprendre. Oui, on peut vivre sans comprendre.
Évidemment, lorsque quelqu’un(e) vous oppose un silence, on ne se sent pas du tout respecté(e). Mais ne faites pas monter la mayo.
Je vous suggère au contraire, d’examiner au fin fond de votre âme, où vous êtes blessé(e). Souvent les blessures du jour ne font que titiller/réveiller de vieux bobos voire d’anciennes failles.
C’est peut-être là l’occasion d’entreprendre un fouille pour apaiser des souffrances enfouies. Faites-vous aider.
Entreprenez une bienveillante inspection
Qu’est-ce qui, chez vous, a pu provoquer un tel fiasco ?
Vous seriez-vous jeté(e) au cou de telle personne par peur du vide ? En particulier du vide amoureux ? Par besoin d’affection ?
Vos attentes sont-elles trop fortes ? Êtes-vous intransigeant(e) ? contrôlant(e) ?
Ne vous jugez pas. Par contre, prenez acte. Pour ne pas reproduire une prochaine fois.
Tendre la main
A chaque fois que vous pensez à la personne, remettez et demandez. Remettez et demandez, encore et encore. Jusqu’à obtenir de la légèreté.
Et un jour peut-être, si vous en avez l’envie - validée par votre boussole intérieure – n’hésitez pas à tendre la main. L’autre a sans doute lui/elle aussi cheminé. Ne l’imaginez surtout pas figé(e) dans son attitude passée.
C’est le plus sûr moyen de vous y enfermer ensemble.
Et, s’il n’y a pas de réponse ou si elle est une fin de non-recevoir, recommencez votre fermeture de cercle.
Se respecter
Si vous êtes à l’origine de la rupture, il me semble très important de vous respecter. Si votre ancienne relation vous tend la main et que votre être se révolte, votre coeur se serre, respectez-vous.
Laissez se dissoudre les moindres miasmes de votre colère/chagrin/ amertume… avant d’accepter une main tendue. En revenant trop tôt, vous risquez d’empirer le problème.
Laissez la culpabilité de côté. Ce n’est vraiment pas une émotion intéressante. Vous avez fait du mieux que vous pouviez, et il vaut mieux parfois renoncer à pardonner. En tout cas, permettez-vous d’y renoncer si votre être résiste.
Ne vous sacrifiez pas vous-même pour être gentil(le). Soyez au plus près de vous. Toujours. C’est ainsi que nous ferons avancer le monde, chacun(e) s’efforçant d’être toujours au plus près de lui/elle-même.
Respecter l’autre
Le corollaire du respect de vous est bien entendu, le respect de l’autre ! De son tempo.
Les différences de tempo sont, de tout temps, une des plus grosses sources de friction...
Il est possible que l’autre ne bouge jamais. Dites-vous que des événements à vous étrangers en sont la cause : son hors champ l’en empêche.
Renoncer à toute attente, c’est ce que vous pouvez faire de plus libérateur pour vous même mais aussi pour la relation.
Ce renoncement donnera éventuellement à l’autre la légèreté d’évoluer… à son rythme.
Ou pas.
C’est sa liberté.
Et l’en croire capable - sans rien espérer, sans s’accrocher - c’est lui laisser sa liberté d’être.
Prenez votre chance
Imaginez que votre protagoniste vous offre une chance.
Une chance de marquer vos propres limites, de vous respecter davantage, d’approfondir votre unicité, de colmater de vieilles brèches, de balayer de vieux fatras...
Oh, il/elle le fait tout à fait inconsciemment. Il/elle ne fait que se protéger d’une relation qu’il/elle juge toxique. Ne vous appesantissez donc pas sur ce que vous jugez être une erreur de jugement. Vous avez mieux à faire :
saisissez la chance offerte de marcher vers vous !
L’important n’est pas d’avoir des relations idylliques avec tout le monde, cela est impossible. Et plus tôt vous renoncerez à être aimé(e) de toutes et tous – vœu très enfantin, dont il est, ma foi, parfois difficile de se départir - plus vite vous marcherez sur le sentier de la paix. Et de la bonté.
L’important est d’avoir la paix en votre coeur pour chacune de vos relations… Même celles qui furent chaotiques, voire celles qui ont eu un terme brutal…
Et de chouchouter vos proches, vos chéri(e)s, vos aimé(e)s dont la présence est un cadeau chaque jour renouvelé !
© Carole Braéckman –www.lhibiscus.fr – juillet 2019
Quelques ruptures classiques :
la rupture amoureuse
les conflits entre des enfants adultes et leurs parents
Et un texte déculpabilisant et réaliste pour avancer : le devoir d’aimer
Pour aller plus loin, sur le chemin du pardon (... ou pas)
et chercher les failles, sécrétées dans l’enfance.
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